Hippolyte Batumbla

Guinée : la ruée vers les pépites d’or à Kounsitel

Attention ! L’information est une mine d’or. Des sites du métal précieux jaune viennent d’être découverts par de jeunes orpailleurs à Kounsitel, dans la ville de Gaoual, au nord-ouest du pays. Déjà, la petite bourgade est surpeuplée, le logement introuvable et la nourriture se fait rare. L’aventure commence en or…

Gaoual est une déformation de Gawol qui signifie en poular ‘’fossé’’, du fait de la forme de la ville. Depuis une semaine déjà, des jeunes débarquent dans cette ville guinéenne en quête de ce trésor jaune. Deux sites sont découverts dans la bourgade et un autre dans la commune urbaine. Ces jeunes venus des contrées voisines et des confins du pays, s’y donnent rendez-vous. Une localité jusque-là paisible avec sa population, estimée à environ 21 000 habitants dans la ville selon le dernier recensement de 2014.

Belle ambiance à Gaoual  

Les autochtones de Gaoual sont débordés par l’affluence grandissante. Il n’y avait jamais eu de tels visiteurs in extremis dans la ville. Et mieux encore pour déterrer quelques grammes du métal précieux.  Malgré la saison des pluies, ces centaines de milliers de chercheurs d’or passent la nuit à la belle étoile. Sans ignorer le  manque d’eau potable et le manque des denrées de premières nécessités.  

Certains trouvent le sommeil sur les trois sites nouvellement découverts. D’autres préfèrent s’installer dans les maisons encore en chantiers ou sur les espaces publics.  Qu’importe où l’on repose la tête, si l’or est à portée à juste quelques mètres sous la terre de Gaoual. La ville est devenue cosmopolite en un temps record.     

Arrêt de l’exploitation des sites par l’État

Les sites d’or qui ont fait perdre le sommeil à ces jeunes mineurs sont par la suite, finalement fermés. L’État guinéen a interdit toute exploitation des dits sites pour des raisons de réglementations. Reste à savoir si la fermeture des lieux, sera suivie par cette foule de jeunes à la recherche du métal jaune.

La bonne nouvelle est que la ville est une nouvelle destination des jeunes faisant fortune dans ce domaine.  La mauvaise : ces mineurs donnent tout jusqu’aux centimes près, en vue d’exploiter légalement ces mines sans être inquiétés véritablement. Avec l’interdiction, nombre de jeunes mineurs risquent de perdre leur argent.  

L’éducation menacée

Comme à Siguiri, Kounsitel est exposée aux risques d’abandon de poste du petit nombre d’enseignants. La déscolarisation définitive et la dégradation de la santé des jeunes écoliers autochtones ainsi que tous ces milliers d’autres venus exclusivement pour l’exploitation de cette mine d’or.  Au demeurant, jeunes autochtones et étrangers ont désormais comme seule et unique activité à plein temps,  la recherche du précieux métal.    

Il est capital de sauver des vies compte tenu des risques élevés d’éboulements dans ces mines. Et l’avenir de jeunes gens à Gaoual surtout à Kounsitel est en jeu. Bref, il est encore temps de prendre des dispositions pour éviter ‘’le médecin après la mort’’.  Peut-être faudrait-il mettre sur pied une véritable politique publique pour l’exploitation rationnelle et bénéfique des zones aurifères du pays. D’autant plus que cela concerne une bonne partie de la jeunesse guinéenne en quête d’un lendemain meilleur.


Maroc, une journée à la découverte de Rabbat

Il fait douze degrés en ce matin du 13 mars. L’horloge affiche neuf heures pile. Malgré le soleil de printemps, l’air si glacial cajole mes joues. De Salé à Rabbat, au rythme du tram, ma promenade commence à la Tour Hassan, ensuite au Jardin Nouzhat et finalement à la Kasbah des Oudayas.

Salé est la ville jumelle de Rabbat, où se trouve Hay Karima, le terminus du tramway reliant ces jumelles à 18 km. Ce matin, j’entre dans le tram avec une destination en tête: la Tour Hassan. Dans cet engin, le visiteur admire les moindres recoins de la ville de Salé et de la capitale marocaine. Parmi tant d’autres passagers, je m’installe sur un siège, après avoir validé mon ticket et désinfecté mes mains. Un geste devenu la norme à cause de la crise sanitaire du Covid-19. Je finis par céder mon siège à une femme.  

Les arrêts s’enchainent à la pointe des stations. D’abord celle de Salé-Tabriquet puis de La poste, ensuite celle de L’opéra, de Diar, de la Gare de Salé… Quelques minutes s’égrainent. Le tram se trouve sur le pont Hassan qui traverse le mythique fleuve Bouregreg.  Au dessus de ce fleuve légendaire, Rabbat se dévoile avec ses bâtisses blanches qui couvrent tout l’espace. Le train stationne une minute sur le pont puis continue son trajet. Il dépasse le panneau de signalisation resté au rouge pour les véhicules.

Et nous voilà, à la station du 16 novembre. La Tour Hassan est visible à distance. Je descends du train et traverse la chaussée. En remontant la bretelle droite de la ruelle, j’entends le bruit occasionné par le départ de la petite locomotive. Elle fera, nul doute, un arrêt à la célèbre Place nommée Al Joulane, en face de la cathédrale Saint Pierre de Rabbat et ainsi de suite.

La Tour Hassan, un minaret historique

Je me retrouve enfin sur l’avenue Maryniyine. Cette allée débouche sur le jardin de l’énorme tas de pierres que je découvre pour la première fois de si près. Le silence s’impose en ce lieu. Quelques personnes errent sur les sentiers bien aménagés au milieu du gazon dont la verdure ajoute une touche de beauté à ce décor pittoresque. Un instant, j’arrête de marcher.

Je lève solennellement les yeux. Mon regard tombe sur la splendide Tour Hassan en face de moi. Si je m’efforce de faire la dictature contre tout bruit, cette tour et sa cour en terre battue, parlent aisément. Elles racontent comme un bouquin ouvert, le passé marocain. Des reliques d’histoires entretenues depuis le 12ème siècle. On raconte que cette superbe tour est en fait, le minaret d’une mosquée inachevée dont la construction s’est arrêtée suite au décès, en 1199, du Caliph Yacoub Al Mansour, à qui il était destiné. Juste à côté, se trouve le Mausolée du Roi Mohammed V.  Voilà pourquoi le silence y est maitre-mot.

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La Tour Hassan, vue de profil vers le fleuve Bouregreg.

Il est dix heures. Je ne cesse d’observer la tour dans ses moindres traits. Mon regard se perd dans les gothiques qui entourent ce cube d’une quarantaine de mètre, ce bijou du patrimoine culturel marocain. Je vois en un instant, à quel point la modernité côtoie tendrement la tradition. Comment le passé épouse le présent au cœur de la capitale marocaine. Le soleil continue sa randonnée journalière au-dessus de ma tête. Le plus étonnant reste l’air toujours glacial montrant au visiteur que la façade de l’océan atlantique n’est pas loin. Je me lève en fin de compte, sans être rassasié de ce silence bénéfique. Cette fois-ci, je visite le jardin national.          

Le Jardin Nouzhat Hassan au cœur de Rabbat

Le Jardin Nouzhat Hassan, à Rabbat

De nouveau dans le tram qui ne désemplit jamais de la journée.  À chaque fois que j’emprunte cette petite locomotive, un rêve envahi mon être: celui de voir un jour, ce même modèle de tram filer dans les rues de Conakry (capitale de la Guinée), au bonheur des milliers de citoyens guinéens. Ce moment de rêve est vite interrompu par le bruit du tram faisant un arrêt à Al Joulane. Je descends là, puis continue sur les rails de la ligne 2 du tram.

Après cinq minutes de marche, j’arrive au portail du Jardin national Nouzhat Hassan. Situé en plein cœur de Rabbat depuis 1924, cet espace vert rempli d’arbres centenaires, s’étend sur une superficie de huit hectares avec quatre portes. Sourire aux lèvres, j’entre dans le jardin pour profiter généreusement des dons naturels de la biodiversité.

Ici, tout est vert.  Ce qui attire le plus, c’est le climat de sécurité avec lequel, le visiteur s’abandonne à la nature sauvage, qui se mêle à une touche de modernité. Une modernité qui se mesure par l’alignement des arbres de multiples espèces, du gazon à perte de vue sous ces arbres et des gradins installés sur tout l’espace. Sans oublier les tribunes pour certainement des animations à l’occasion des célébrations.

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Vue depuis le centre du jardin national Nouzhat de Rabbat

Un jardin, un espace de bonheur

Une femme avance habillée dans la traditionnelle djellaba marocaine. Elle tient la main de sa petite-fille. La dame toute joyeuse, prend l’enfant et l’installe sur une balançoire aménagée à cet effet. Les deux profitent du soleil dont la chaleur est presque mourante dans ce jardin humide.

L’espace est plein en ce samedi. Il faut dire que toutes ces personnes viennent goûter au bonheur, chacune à sa manière. D’autres préfèrent rester solitaires, sur les gradins au fond du jardin. Je finis par me décider. Il faut que je sorte de là pour éviter d’y passer toute la journée.

Je traverse enfin le jardin sur le petit sentier jonché de pierre. À ma droite, se trouve une petite piscine ceinturée d’une double clôture de grillage. Des oies sarcelles y nagent volontiers. Le sentier me conduit finalement à la porte nord-ouest du parc qui débouche sur la médina de Rabbat. Ce souk moderne où grouillent déjà mille bruits.

La Kasbah des Oudayas, un lieu d’histoire  

Il est 14 heures 30. Je plonge dans ce marché multicolore de la grande médina de Rabbat. En l’espace d’une minute, je me familiarise avec ce vacarme sur l’allée principale. De ce lieu de commerce, s’élèvent mille bruits à la fois me rappelant le marché Madina en Guinée. Je me dirige vers la ruelle à ma droite. En deux minutes de marche, la Kasbah des Oudayas avec ses énormes remparts.

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La façade de la Kasbah des Oudayas

À l’intérieur de cet ancien camp militaire bâti au 12ème siècle, quelques personnes prennent des photos. Je reste contemplatif des fresques sur les murs. Si je suis frappé par la petitesse des sentiers, véritables labyrinthes, je suis aussi sans mots par l’immensité des lieux. On raconte que c’est ici se trouve l’un des premiers palais construit par la dynastie royale des Alaouites.

Oui, l’histoire défile sous mes pieds à l’instant même. J’imagine ces centaines de milliers de soldats marocains avec leurs canons à la main afin d’assurer la sécurité de ces remparts. Ces images se bousculent dans ma tête. J’essaye, en suivant le trajet, de me représenter ces scènes historiques.  Finalement, je me retrouve sur un espace dégagé, comportant deux gradins installés pour les visiteurs. Le vent assez glacial et l’étendue d’eau en face de moi laisse entrevoir la façade de l’océan Atlantique.

Le soleil baisse, le phare de Rabbat s’impose

Du haut de ce bastion trapézoïdal, le visiteur est forcément contemplatif de la mer. Il reste surtout absorbé par l’étendue de sable du rivage sur lequel un groupe de personnes se livre à plusieurs activités diverses : à la pêche, au ski, au football etc. À ma gauche, je peux contempler en arrière-plan le phare de Rabbat. Tout cet ensemble forme l’estuaire de Rabbat. Je jette un coup d’œil sur l’horloge de mon téléphone. Il est 17 heures. Soudain un couple m’apostrophe pour une photo de famille. Un geste que j’accomplis à la satisfaction des deux tourtereaux. Je file tout droit vers le portail.

À ma sortie, j’emprunte un taxi pour la station du pont Hassan. Là, je prendrai le prochain tram qui me conduira à Salé, la belle jumelle de Rabbat. Dans la voiture, un autre rêve s’éveille : je veux visiter le mont Djebel Toubkal situé dans la ville d’Imlil, cette autre merveille touristique du Royaume chérifien.

Finalement, je sors de mon extase par le klaxon tympanisant d’une moto qui disparait au milieu de cette longue file de voitures. M’adossant au siège du taxi, je ressens de la fatigue. Mais je suis fier de cette journée multicolore à la conquête de cette ville. Le taxi s’arrête et j’y descends après 20 minutes de course. Je traverse la chaussée pour attendre le tram avec à l’esprit, le film de ma promenade au cœur de la capitale marocaine. Il tourne toujours en boucle dans ma tête… .

*Souk: un lieu de transitions commerciales dans le monde arabe


En Guinée, les femmes à la croisée des chemins

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Les femmes lors d’un meeting à Conakry

Les femmes mettent les bouchées doubles pour revendiquer leurs droits. Elles fustigent les violences conjugales dont elles sont victimes au quotidien en Guinée. Des villages jusque dans la capitale Conakry, ces travailleuses silencieuses sont sur tous les fronts pour une société guinéenne plus équitable et paisible.    

En plus d’être consacrées par les textes de loi, les femmes sont au centre de la vie sociale, économique, culturelle et même politique en Guinée. Inutile de rappeler ici tous les sacrifices consentis par les femmes guinéennes dans l’acquisition de l’indépendance du pays en 1958.

Un rôle historique mais combien de fois visible, aujourd’hui, au sein des foyers en zones rurales. Entre les tâches ménagères, l’extraction du sel ou de l’huile en passant par le jardinage, sans oublier les travaux champêtres, les femmes se cherchent, surtout en ces temps où le pays est en guerre contre une pandémie et une épidémie : le Covid-19 et Ebola.

Si les femmes rurales en Guinée tirent le diable par la queue pour leurs familles respectives, celles de la capitale, notamment la minorité intellectuelle, sont bon gré mal gré au front pour la course aux instances de décision. Ainsi, ces femmes entendent engager une lutte sans merci afin de gagner une place de choix dans une société guinéenne qui tente inexorablement de sortir du patriarcat. 

Un combat au féminin

Dans la neuvième législature, la présence des femmes est plus ou moins constatée. Ces dames réunies dans le forum des femmes parlementaires sont au nombre de 19, sur 114 députés que composent le parlement guinéen.   

Cependant, l’exemple implacable reste le récent remaniement ministériel (10 femmes sur 36 ministères) où le président de la République, Pr Alpha Condé, a nommé plus de femmes que dans les précédents gouvernements. Sans occulter un nombre parmi elles qui dénonce les violences conjugales que subissent ces travailleuses silencieuses. Elles se battent quotidiennement au sein de la société civile guinéenne pour le droit de ces dames en durcissant le ton sur les réseaux sociaux. Des pires exactions que traversent ces femmes au foyer y sont dénoncées. Moussa Yéro Bah est une journaliste et une activiste engagée qui des fois, reste dans la peau de ces dames en souffrance :

« Je suis la bonne. Et puisque je suis la bonne, je suis bonne à tout faire. Bonne pour la cuisine. La lessive pour le patron. La patronne et les enfants… Quelquefois tard dans la nuit, alors que dort la patronne, le patron se faufile dans le magasin qui me sert de chambre à coucher. Si bonne que mes cris s’étouffent sous la force et le poids de sa main sur ma bouche. Si bonne qu’il (le patron) menace de me virer si jamais j’ose ne serait-ce que gémir », fustige dame Yéro sur sa page Facebook.

Une relève assurée       

Beaucoup de jeunes femmes mettent leur effort en commun pour valoriser les femmes à travers des activités de nettoyage de la ville ou encore tant d’autres initiatives citoyennes, notamment la semaine entrepreneuriale des femmes, prévue pour les 22, 23, 26, 27, 28 mars 2021 à Kipé et au jardin du 2 octobre, qui permettra à plusieurs amazones de mettre à profit leurs compétences via des tables rondes, des expositions, des panels, des conférences, prévus pour cette rencontre au féminin, première du genre en Guinée.

En plus de ces activités féminines de la société civile guinéenne, le club des jeunes filles leaders de Guinée tient le flambeau pour la défense des droits des filles et des femmes depuis belle lurette. Implantée dans les quatre régions du pays, cette association lutte contre les mutilations génitales féminines, les mariages précoces, les viols dans les foyers et la non scolarisation de la jeune fille. C’est dire que celles destinées à devenir les femmes de demain en Guinée ont pris déjà conscience de cette lourde tâche qui est la sienne.  

Le 8 mars 2021, pas de fête !

Depuis 1917, la journée internationale des droits des femmes, symbolisée par le violet de la justice et de la dignité, le vert de l’espoir et le blanc de la pureté, a été officialisée. Elle permet ainsi à des milliers de femmes de revendiquer une société bâtie sur l’égalité et la tolérance.

En Guinée, si les femmes ont l’habitude de prendre d’assaut la salle des fêtes du Palais du peuple pour célébrer le 8 mars, cette année, avec l’urgence sanitaire dans laquelle est plongé notre pays ouest-africain, les festivités n’ont aucune chance de voir le jour.

Le gouvernement guinéen a d’ailleurs interdit plusieurs concerts à cet effet et d’autres regroupements de masse sur toute l’étendue du territoire national jusqu’à nouvel ordre. Mais dans la foulée, beaucoup de langues soutiennent que les femmes mériteraient d’être célébrées durant les 365 jours de l’année, pas que la journée du 08 mars.


Lettre à mon ami(e) du monde

Mon ami(e),


Reçois mes salutations les plus fraternelles et amicales. Je t’écris ces lignes pour prendre de tes nouvelles. Dieu merci, je vais bien. J’espère de même pour toi.

Mon estimé(e), par ces temps qui courent où le nouveau coronavirus (covid-19) règne en maître dans le monde entier, il m’a semblé plus que fondamental, voire urgent, de savoir si tu vis pleinement, en bonne santé, chez toi avec les tiens.

Oui, la maladie est bien réelle et elle fait des ravages. Oui mon estimé(e), le premier meilleur remède qui soit pour le moment est de rester chez toi en respectant certaines règles d’hygiènes basiques : se laver les mains avec du savon, de l’eau de javel avec dose…

Bien aimé(e), en attendant l’antidote, c’est le moment idéal de profiter des siens quotidiennement à la maison avec moins de contact. Ne crains surtout pas de réinventer ton élan du cœur en laissant vivre en plénitude l’humanité qui sommeille en toi. C’est une belle expérience à laquelle les familles de la terre se livrent au même moment.

Mon ami(e) en Guinée, je ne t’apprends rien mais tu dois savoir que Covid-19 est bien présent. Et malheureusement, le nombre de cas comme dans bien d’autres coins de la planète, y augmente (plus d’un million de contaminés à travers le monde, 73 cas confirmés en Guinée). On ne sait pas si demain le nombre sera en chute libre sans vitesse initiale. Mais il est important, tu le sais, de ne pas céder à la panique.

Aussi, en plus d’être effrayante, cette pandémie s’attaque-t-elle à nos hauts cadres ou du moins à nos leaders d’opinion. Je veux nommer ici, Dr Makalé, Rabiatou Serah sans oublier récemment Aboubacar Diallo, Moussa Yero pour ne citer que ceux-là. La bonne nouvelle c’est qu’ils sont tous en vie. L’espoir est permis, ils se lèveront en bon état.

La mauvaise nouvelle est que nos populations en Afrique notamment en Guinée sont vulnérables. D’autant que nos systèmes de santé ne sont pas forts. Et les populations tardent à comprendre le danger qui nous guette. Covid-19 est ce danger. Lave-toi les mains et encourage les gens autour de toi à le faire.

Parce que mon ami(e), tu dois comprendre que « La crise actuelle, comme toutes les autres avant elle, de toute nature, se terminera un jour, laissant derrière elle d’innombrables victimes et quelques rares vainqueurs. Pourtant, il serait possible à chacun de nous d’en sortir dès maintenant en bien meilleur état que nous n’y sommes entrés ». A.Jacques, Sept leçons de vie, édition Fayard, 2009.

Je ne saurai terminer ma missive sans te dire de ne jamais cesser de croire. La Providence nous comblera. En attendant, n’oublie jamais de laver tes mains et reste chez toi.


Ton aimable ami qui lave ses mains chez lui, Hippolyte.

#StayHome


En Guinée, lire Max Weber est bénéfique pour l’avenir politique

Dans son livre  “Le savant et le politique”,  Max Weber donne en version originale  la mission de l’homme politique dans une entité. Cette mission est cadrée par une éthique de responsabilité ou celle de conviction. Mais  en Guinée qu’est-ce qui cadre l’activité politique ? Cette interrogation sur les réalités politiques guinéennes est l’objet de cette analyse en compagnie de Max. 

Parlons de l’homme d’abord. Max Weber est un économiste et sociologue allemand né le 21 avril 1864 et mort le 14 juin 1920. Il est considéré comme le fondateur de la sociologie compréhensive, ce pan de la sociologie moderne qui réfléchit sur le sens subjectif des conduites des acteurs comme le fondement de l’action sociale. La pensée de Max Weber est orientée vers la recherche de rationalité mais précisément sur le processus de rationalisation de l’action pratique.

En effet, tous les politiques en Guinée doivent s’inscrire à l’école de Max Weber. Ceci pour comprendre que la politique est d’abord régie par un cadre sur lequel tout discours politique. Dans son chef-d’oeuvre ‘’Le savant et le politique’’, le plus grand sociologue allemand de ce siècle, donne une leçon de vie à tout bon politique soucieux du développement de son pays. 

La nécessité de saisir Max

Pour lui,  l’homme politique doit être dévoué à une cause, avoir le sens des responsabilités, savoir prendre du recul sur les choses et les hommes. Bref le politique est un homme averti.  

Pourtant,  si l’on prend en compte cet aspect, il est clair que le Rubicon a été largement dé-passé en Guinée. L’homme politique averti dont Max fait allusion n’est qu’un leurre en Guinée. La classe politique guinéenne (opposition et mouvance)  est tellement séduite par le pouvoir qu’elle se soucie peu des problèmes du pays. Elle passe à côté de la plaque en faisant abstraction à une action politique objective. Toute politique qui ne vise pas le développement du pays est à bannir.  

A mon sens, l’éthique de responsabilité doit provenir de la mouvance présidentielle  à qui le pouvoir été confié. Elle doit prôner le respect des lois et surtout le Vivre-ensemble. L’opposition quant à elle doit doit reposer sa lutte sur l’éthique de conviction qui la conduit à émettre des critiques objectives pour la consolidation de l’état de droit et donc aux propositions concrètes pour la construction du pays.

Par ailleurs, Max Weber précise également en ces termes : « L’homme politique doit dans des conditions normales être économiquement indépendant des revenus que l’activité politique pourrait lui procurer ». Cela laisse entendre que la question financière est la vie politique.  En d’autres termes, l’homme politique doit en principe être profondément indépendant. 

 Il faut sauver le pays

Mais l’heure est tout de même aux élections législatives couplées au référendum pour la nouvelle constitution qui sont désormais prévus  pour le 01 mars 2020 au pays du Prof Alpha Condé. Et le Front national pour la défense de la constitution (FNDC) dans lequel se trouve l’opposition et la société civile, se positionne déjà pour contrecarrer cette décision. Les activités du pays seront de nouveau paralysées. Une fois de plus Max Weber ne sera pas compris. 

Toutefois, au regard des temps qui courent en Guinée, il faut des leaders mais de ‘’vrais leaders’’ qui tracent un chemin à suivre au-delà des divergences politiques. 

Des leaders qui puissent rallumer la flamme d’espoir en unifiant et en apaisant tous les bords. Parce que plus le pays avance sans cet exercice urgent, plus les frustrations s’accumulent, plus la tension monte et plus les violences seront de mise. Permettez-moi Sir François Rabelais de vous paraphraser,  la politique en Guinée et partout ailleurs sans conscience, sans responsabilité, sans conviction n’est que ruine de l’âme…

A chaque fois qu’un pauvre citoyen guinéen trouve la mort dans la répression, les pages du précieux livre  » La Guinée est une famille » de Nènè Moussa Maleya Camara sont altérées dangereusement. Et Max Weber ne sera pas encore compris.


La communication politique ou le pouvoir des mots

La place des mots est autant fondamentale dans les rapports humains que dans les secrets de la politique. Ils ont un pouvoir. Et les politiciens mettent un point d’honneur pour se cacher derrière ce labyrinthe de mots taillés sur mesure dans leur communication.  

‘’On ne peut pas ne pas communiquer’’. Tel est le credo de l’école Palo Alto. Au regard  de ce bout de phrase, l’on pourrait dire sans l’ombre d’un doute que communiquer est un facteur existentiel. L’homme est par nature un être doté de langage. Il est établi donc que l’homme communique naturellement.

En effet,  la communication est un ensemble construit minutieusement. Elle n’est surtout pas un effet de mode. Chaque mot, chaque geste, chaque phrase a son pesant d’or, a donc une signification. 

Ce principe est conquis, voire même maîtrisé par les politiques. D’où la communication accompagnée de l’adjectif ‘’politique’’, dont la finalité est d’asseoir la légitimité de l’homme politique. C’est une course contre la montre. Il faut dompter, au moyen du discours,  l’espace public sur lequel se conjugue toutes les dynamiques.

Ainsi donc, la communication politique, cette autre façon de communiquer bâtie sur une réflexion intellectuelle, utilise tous les registres communicationnels pour influencer et convaincre la cible via des messages taillés sur mesure.  

 En d’autres termes, les hommes politiques, cachés derrière  la langue de bois, transforment tout autour d’eux en message. Rien n’est fait ou prononcé au hasard. L’écrivain américain Marshall Rosenberg ne s’est pas trompé en titrant son livre ‘’Les mots sont des fenêtres (ou bien des murs)’’.     

L’expression ‘’Les mots ne sont pas innocents’’ en politique recouvre ici tout son sens. Voilà pourquoi, du Général de Gaulle, en passant par François Mitterrand, Abraham Lincoln ou encore le roi Hassan II, sans oublier Sékou Touré ainsi que Barack Obama et Thomas Sankara, tous ont brillé de mille feux  sur la scène politique en grande partie grâce à la puissance de leur verbe. Dans leur film The Words (Les mots), les réalisateurs Brian Klugman et Lee Sternthal ont su mettre en avant d’une manière bien inspirée la valeur des mots.

 En définitive, toute la richesse de la construction discursive en politique réside dans la préparation. Attention ! Ce n’est pas de la magie qui s’opère (sauf celle des mots). Tout est monté, mis en forme, mis en scène, mis en récit et de toute pièce. Le calcul est sans conteste. Le politicien ne fait rien sans que son message dissimulé par les mots, ne passe et repasse avec délicatesse.    

 


Au domicile d’une femme réfugiée au Maroc

Anny Marie MANGUMBE est une congolaise engagée pour la cause  des femmes subsahariennes au Maroc. Elle figure parmi les 7 138 réfugiés et demandeurs d’asile. Entre vie associative et débrouillardise, elle parvient tant bien que mal à joindre les deux bouts.

Il est midi. Dame Anny passe la journée à la maison, en ce mardi 4 juin, veille de la fête de l’Aid El Fitr au Royaume chérifien. A Sidi Moussa, ce quartier populaire au bord de la mer, à Salé, le soleil est mi-figue mi-raisin. La brise marine caresse le visage des milliers de jeûneurs. Le marché du coin tonne de mille bruits. Cet endroit de commerce jonche les deux côtés de la route. Les bruits s’intensifient au fur et à mesure qu’on s’y approche.

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Anny MUGUMBE sort les poulets dans le four de sa cuisine à Sidi Moussa. CP: Hippolyte Batumbla

Des appartements de Sidi Moussa se dévoilent au visiteur après une petite distance parcourue sur la bretelle droite de la chaussée. Et c’est dans une de ces modestes maisons que logent Anny et son mari. Une cuisine, une douche, un petit salon et une chambre à coucher forment le logis. Elle apparaît avec un foulard de tête et des habits qui se marient avec sa corpulence. Visage tendre et sourire aux lèvres, la quadragénaire avance au milieu de la maison. Elle prend place à même le sol sur le tapis rouge et la causerie commence. Dame Anny hésite un instant puis articule le mot ‘’bienvenue’’ avec le ton d’une mère attendrie. Cette hospitalité qui ne passe pas inaperçue se noue parfaitement avec celle du Maroc des émirs, pays du phosphate et du tourisme.

A 12 heures 30 minutes, le muezzin de la mosquée fait un appel aux nombreux musulmans du coin pour la prière.  Cette heure coïncide à l’instant même où d’un geste maternel, dame Anny Marie indique le salon. Les précisions sont faites pour l’entrevue. Elle donne son aval par un sourire suivi d’un signe d’acquiescement par la tête. Elle entame donc la causerie.  Elle aborde directement son insertion sociale au Maroc qui est un parcours du combattant. Présidente de l’Association de femmes réfugiées et migrantes au Maroc, elle encadre et forme les femmes réfugiées subsahariennes aux activités génératrices de revenu. L’association compte 10 membres dans le bureau et a formé plus de 50 femmes récemment. « Les femmes subsahariennes souffrent le martyr au Maroc. Nous voulons les aider avec les moyens du bord. Nous voulons également qu’elles connaissent leur droit et surtout qu’elles parviennent à se prendre en charge », dit-elle en renouant son foulard de tête.

Elle ajoute que les femmes réfugiées en général ont du mal à s’intégrer sur le marché du travail marocain même avec un diplôme. La plupart d’entre elles étant des femmes de ménage ; bon nombre ne faisant pas forcément partie  des 7138 réfugiés et demandeurs d’asile reconnus par le Haut-Commissariat pour les Réfugiés (HCR). Pour elle, les femmes subsahariennes sont nombreuses à faire encore la mendicité ou la prostitution.

Entre temps, son mari M. Jean, veut se rendre utile. Il s’assure que tout va bien puis s’arrête un moment avant de sortir de la maison. Son épouse sourit légèrement. Ensuite, elle croise les jambes au sol, jette le regard sur ses documents, avance la main, tire finalement le terroir de la table. Elle y sort sa carte de présidente d’association. Elle montre par la suite une lettre écrite en arabe classique. C’est elle qui officialise la mise en place de sa structure au Maroc.  La dame se positionne sur le côté droit et continue sa causette.

Une battante rompue à la tâche

Sur la petite table du salon, dame Anny soulève des colliers rouges, blancs, bleus… C’est elle qui les confectionne au prix de 20 à 25 dirhams selon la qualité. Toujours pour mettre un point d’honneur, elle part sur Casablanca, achète des poulets, les fume au four puis les revend à domicile, souvent aux étudiants au prix de 30 dirhams l’unité. Ces poulets fumés se vendent par commande. Elle vend aussi du poisson et des légumes, des feuilles de manioc ; des mets prisés par les subsahariens.  Des fois, elle fait des faveurs aux apprenants pour qui, elle prépare lors de ses temps libres. Sinon dans une journée ordinaire, cette femme tente le tout pour le tout. « Je vends tout ce que je trouve pour ne pas attendre de quelqu’un », confie celle qui a fui la guerre dans son pays d’origine, la République démocratique du Congo.

Elle arrête momentanément de placer des mots. Le souvenir de son départ lui revient. Là, sa voix vacille. Puis elle confie ceci : « Mon pays est exposé aux guerres tribales interminables. Passant des journées la peur au ventre, j’ai fini par fuir. Je suis venue en Centrafrique où mon chemin a croisé celui d’une femme qui m’a été d’un secours inoubliable. C’est finalement en 2013 que j’ai rejoint mon mari au Maroc puisque nous étions en contact ». Toute chose qui fait que la dame s’éloigne de la politique ; selon elle, grâce aux politiques les gens s’embrasent partout dans le monde.

L’astre du jour se cache toujours dans les nuages au milieu de la journée. La météo annonçait ce temps ténébreux hier. A 13 heures 05 minutes, dame Anny soupire profondément. Puis elle enchaine avec ses difficultés au quotidien.  Le poulet qui ne se vend pas tout le temps, ou encore son mari qui souffre du cancer. S’ajoute le manque d’argent pour faire face à cette maladie qui ronge depuis des années son conjoint. Au-delà de sa nostalgie sans remède, il lui arrive de penser à ses quatre enfants qu’elle a dû laisser derrière elle au pays de Patrice Lumumba. D’ailleurs si dame Anny a quitté Hay nada pour aménager à Sidi Moussa, c’est bien pour des raisons économiques.

Soudain, son téléphone sonne. Ça y est ! C’est parti pour une conversation en lingala, cette langue de son Congo natal. Une, deux, trois, quatre minutes s’écoulent. Elle parle avec son mari qui s’assure encore une fois que tout se déroule convenablement. Finalement, elle raccroche le téléphone puis reprend la parole. Sa voix est rassurante puisqu’elle ne vacille pas du tout.

S’il y a un événement qui la choque, c’est bien la mort d’un jeune homme récemment. Tout à coup, son visage se crispe. Ce souvenir est présent.  Elle soulève la tête et fixe le plafond comme en prière ; puis confie doucement : « C’était un jeune respectueux et dévoué pour sa réussite. Mais il est mort à la fleur de l’âge. Si vous avez des enfants et vous voyez cela, forcément c’est un sentiment de tristesse qui habite votre cœur de mère ».

Il faut dire que si cette amazone surmonte des difficultés au Maroc, c’est parce qu’elle est aussi une femme de prière. Pas étonnant qu’elle s’exprime aisément : c’est une évangéliste pratiquante. Deuxième personnalité de son église après le pasteur, elle rend visite aux familles   majoritairement subsahariennes et parmi lesquelles figurent 30 mille fidèles chrétiens étrangers en terre marocaine. « Nous organisons souvent les campagnes d’évangélisation », renchérit-elle tout en montrant les photos de ces campagnes sur le mur du salon.

Maman Anny comme l’appelle son entourage, est également une femme engagée au service de la communauté congolaise du Maroc notamment pour l’émancipation des femmes congolaises.  Chaque lundi, elle les entretient sur la foi en Dieu autour des versets bibliques.

Une terre de refuge

L’horloge indique 15 heures piles. Finalement, elle enlève le foulard de tête puis se dirige vers la cuisine pour vérifier les poulets dans le four. Elle revient, s’installe à la même place.  A la question de savoir qu’est-ce qui l’a marqué au Maroc, sa réponse est sans équivoque. MANGUMBE ne regrette pas son arrivée au royaume chérifien, « sa terre d’asile et de paix ». Elle dit être réconfortée quand elle se souvient de son tragique départ à Bunia à l’Est de la RDC.  Son objectif du moment reste la quête de nouveaux partenaires et gagner un siège social digne de nom pour l’association qu’elle préside depuis 2017.

Elle reste tout de même optimiste en ce qui concerne la création d’une activité commerciale à plein temps au Maroc, compte tenu du pouvoir d’achat favorable aux affaires. Cette amazone qui allie vente de poulets, de perles et de légumes, souhaite également ajouter une autre corde à son arc si les moyens lui permettent, c’est-à-dire investir dans l’immobilier sur place.

Il est 16 heures 07 minutes. Et c’est en ce moment précis que la dame plaide solennellement pour toutes les femmes réfugiées au Maroc. « Je voudrais que le gouvernement marocain  aide ces femmes qui viennent de loin, à obtenir le titre de voyage », lance-t-elle debout avec à la main le chargeur de son téléphone.

Anny Marie MANGUMBE lance un signe d’au revoir au seuil de son appartement. A côté sur la bretelle gauche, le petit marché de Sidi Moussa grouille de plus bel.  Aussi, les bruits des vagues de la mer se mêlent-ils à ceux des véhicules sur la chaussée. Demain, c’est la fête de Ramadan au Royaume et cette ambiance grandit chaque instant.


#MondoChallenge : en Guinée, le vin de palme entre tradition et alcoolisme

Dans la société traditionnelle africaine, tout le monde ou presque l’a goûté, ne serait-ce qu’une seule fois. Les uns pour s’enivrer, d’autres pour la coutume : la Guinée ne déroge pas à cette tradition séculaire. Le vin de palme y a traversé le temps et l’espace, entre tradition et alcoolisme. 

Vin-de-palme
Le vin de palme à domicile

Sur les côtes maritimes guinéennes, depuis des lustres, une goutte de ce vin extrait de sève de palmier est une pépite de saveur. Beaucoup par chez moi vous diront que « Bangui » (en jargon populaire guinéen) a une myriade de vertus thérapeutiques. Sa consommation est même encouragée chez les enfants, le sucre naturel qu’il renferme étant supposé développer leur intelligence.

Bien que ses bienfaits ne soient pas prouvés scientifiquement, le vin de palme reste au cœur des habitudes.

Dans bien des cérémonies de réjouissance populaire, dans les centres-villes en Guinée tout comme en rase campagne, parmi les vins qui coulent à flot, le vin de palme ou vin blanc figure en bonne place. Ceci pour deux raisons.

Premièrement, en plus d’être local, naturel, il n’est pas coûteux comparativement aux autres vins produits par les industries de la place ou ceux importés. C’est une aubaine pour les  »pauvres » qui cherchent à fêter sans avoir à débourser une fortune considérable. D’autant que tout le monde est servi en bonne et due forme.

Deuxièmement, le vin de palme est une partie intégrante de la tradition Guinée. En pays Baga par exemple, un acte nuptial n’aura tout son sens que lorsque le vin de palme aura été tiré jusqu’à la lie. Une goutte versée au sol pour les ancêtres scelle le mariage pour toujours. De manière générale, cette conception traditionnelle de la boisson (de vigne ou de palme) est expliquée par le géographe français Alain Huetz :

« Pour de nombreux groupes ethniques d’Afrique Noire, la boisson est au centre de la convivialité et des relations sociales et devient parfois l’élément central des manifestations rituelles et des cérémonies religieuses. »  Cette pratique s’observe également en Guinée forestière où la tradition est de mise.

Un vin à différents visages

Par ailleurs, ce dérivé de la sève de l’Elaeis guineensis (nom scientifique du palmier à huile) ne va pas sans problèmes du fait de son caractère alcoolique. Les coins de vente se multiplient partout au bord de la mer, dans les quartiers de Conakry ; et les jeunes s’en désaltèrent au point de perdre la raison. Le vin de palme n’est plus bu à l’état naturel ; il faut l’associer à d’autres alcools pour le rendre efficace, dit-on.

L’usage abusif soutenu par sa commercialisation non réglementée est un danger qui prend forme en Guinée, 45e pays le plus consommateur d’alcool au niveau panafricain. Dans son rapport de 2017,  l’Organisation mondiale de la Santé a fait état de l’augmentation du taux d’alcoolisme en Afrique. Ce rapport indique que la consommation de l’alcool sur le continent est la plus importante au monde.

Il y a lieu de préciser qu’une quelconque consommation du vin blanc n’est pas reconnue par les préceptes islamiques. Raison pour laquelle une bonne partie de la population guinéenne, même désireuse, n’en consomme pas.

La destruction abusive de la flore du fait de la récolte de ce vin est aussi considérable que sa consommation. Des palmiers sont élagués puis finalement coupés sans le moindre reboisement. Encore et encore, le vin de palme est tiré jusqu’à la lie et la nature s’en plaint.

Comme on dit par là : « Et n’oubliez pas de boire avec modération ! »  Autrement dit,  »Un verre ça va, deux verres, bonjour les dégâts ».


Agdal, le petit paradis du Maroc

Mosquée BADR boulevard Fal Ouls Oumeir, 10000-Rabat
La Mosquée Badr sur le boulevard Fal Ouls Oumeir, 10000-Rabat
Crédit photo: Hippolyte Batumbla Camara

Je débarque à l’aéroport Mohammed V de Casablanca, mercredi 17 octobre 2018. L’horloge indique 7 heures piles du matin. L’hôtesse de l’air précise qu’il fait 17 degrés. Le vent glacial invite le bleu que je suis, à prendre immédiatement mon vieux polo, rangé dans ma valise de voyageur dépaysé. L’aéroport est tellement spacieux qu’il faut prendre son courage à deux mains pour le parcourir. Se rendre au carrousel à bagages n’est pas une mince affaire. J’essaye tout de même d’imaginer à quoi ressemble Agdal : mon objectif à atteindre dans ce monde de fraîcheur.

Une fois mes bagages en main et tout le contrôle de la douane marocaine derrière moi, je saute dans le premier train. Direction Agdal, ce quartier de la capitale, Rabat, qui fait partie de l’arrondissement Agdal-Ryad.

Ma position dans cette locomotive me permet de voir la lueur du jour. La nature, si belle ce matin d’octobre, accueille les rayons du soleil naissants. C’est là, à cet instant même, que je me rends compte d’un fait bien réel : je suis arrivé au Maroc.

Le salam marocain

Ici, tout est immense. Même le port de Casa n’échappe pas à ce principe. On y voit, sur un vaste terrain aménagé à cet effet, d’énormes conteneurs superposés. Aussi, le pays est-il en chantier continue, avec ces bulldozers stationnés un peu partout et plusieurs bâtiments en construction sur le passage.

Premier, deuxième puis troisième arrêt. Terminus pour ce petit voyageur qui, pour la première fois, foule le sol d’Agdal. Une remarque : tous les édifices sont peints en blanc. Certainement un signe manifeste du salam* recherché quotidiennement par le Marocain.

Je reconnais tout de suite le fameux petit taxi bleu dont on m’a toujours parlé au pays. Ah oui, le Maroc est bien connu en Guinée. Qui ne sait d’ailleurs pas là-bas qu’il n’existe pas de visa entre ces deux Etats ?

Agdal et ses surprises

De par sa modernité, Agdal séduit. C’est un quartier chic aux routes larges, aux avenues splendides, aux espaces publics propres, aux centres de loisirs florissants, sans oublier des fast-foods aux menus qui font saliver. J’ai eu la chance de goûter au tacos marocain, cette tortilla à base de maïs, repliée ou enroulée sur elle-même comportant toujours une garniture de viande, de fromage ou de coriandre fraîche hachée. Tiens, la famille Bencheqroun m’invite à prendre le traditionnel couscous du vendredi.

S’il y a une chose que j’ai bien aimé à Agdal, c’est bien cette joie de vivre des habitants et surtout la sécurité qui y règne en maître. En plus, il y a le tramway moderne qui vous transporte à seulement 6 dirhams dans la ville. Que dire des avenues… Les plus connues restent celle des Nations unies et de France. La mosquée Badr, se tenant fière avec un dom vert, est le référentiel, la Tour Eiffel du coin.

Par dessus tout, écoles, instituts, universités et autres facultés rendent Agdal-Ryad cosmopolite, d’autant que plusieurs nationalités se côtoient tous les jours.

Pour découvrir le civisme dans ce petit coin de paradis, rendez-vous en face des panneaux de signalisation qui jonchent les rues : voitures, motos, vélos et autres engins tous s’arrêtent net au feu rouge. Je n’ose même pas imaginer ce qui pourrait arriver si cet ordre ne régularisait pas la circulation du quartier aussi dense qu’un essaim d’abeilles.

Ah oui, mon fantasme prend de l’ampleur tous les jours. Il tourne désormais autour du palais royal. J’espère le visiter dans ses moindres cloisons avant de plier bagages, direction la capitale marocaine.

 *Salam un mot arabe qui signifie « paix ».


Mondial 2018 : les Lions ou l’espoir de tout un continent

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Crédit photo: Diomandé Sékou avec son aimable autorisation

Pour son retour en Coupe du monde, le Sénégal a battu la Pologne 2-1, mardi 19 juin à Moscou, dans le groupe H du Mondial 2018. C’est la première victoire d’une équipe africaine en Russie, les Lions de la Teranga permettent ainsi aux Sénégalais, mais aussi aux millions de supporters africains, de rêver…

Après 16 longues années d’absence au Mondial, l’équipe du Sénégal jouera donc le deuxième tour de la Coupe du monde. Le Japon et le Sénégal prennent conjointement la tête du classement de leur groupe avec leurs victoires respectives sur la Colombie et la Pologne, (le groupe H = Sénégal, Japon, Pologne et Colombie). Les Lions sont aujourd’hui deuxième, avec trois points, ils doivent maintenant affronter le Japon puis la Colombie.

Selon Aliou Cissé, entraîneur du Sénégal depuis mars 2015, c’est une grande fierté de représenter l’Afrique toute entière : « tout le continent est derrière nous, je reçois des coups de fil de partout, les gens  croient en nous », a-t-il dit sur lequipe.fr  avant d’ajouter que son équipe a gagné grâce à la discipline, mais aussi grâce à sa force dans les transitions offensives et défensives en première période de match.

Les réactions…

Cette déclaration du sélectionneur sénégalais a tout son pesant d’or sur les réseaux sociaux. Des milliers de supporters africains se sentent sauvés par le bâton magique du football sénégalais grâce à la victoire des Lions. En tous cas, l’espoir est permis…

Un autre internaute plante le décor en rappelant les exploits des poulains d’Aliou Cissé lors des qualifications pour ce mondial au pays de Vladimir Poutine.

Le sort bien connu des autres

Heureusement que le Sénégal a battu la Pologne, sinon le début de cette Coupe du monde aurait été bien triste pour les cinq équipes africaines.
Le Sénégal porte seul l’espoir de l’Afrique dans la mesure où le sort des autres équipes africaines est déjà scellé. Mis à part le Nigéria, qui connaîtra son sort après sa rencontre avec l’Islande vendredi, et la Tunisie qui doit encore gagner ses deux prochains matchs (contre la Belgique et contre l’Angleterre), le Maroc et l’Egypte ont déjà rangé leurs drapeaux…

Le Maroc doit plier bagage après ses deux défaites, d’abord contre l’Iran, puis contre le Portugal de Cristiano Ronaldo sur un score d’un but à zéro.

Les Pharaons d’Egypte ont eux aussi été battus deux fois, par l’Uruguay (0-1) et par la Russie (3-1). Ils espéraient se frotter les mains en misant sur une défaite de La Céleste uruguayenne face à  l’Arabie Saoudite. Hélas ! Le groupe A réservait ses surprises… et l’Uruguay a fait la différence ce mercredi 20 juin contre l’Egypte (1-0). Malheureusement pour les Pharaons, les carottes sont cuites.

La Tunisie a échoué en fin de match contre l’Angleterre (2-1), elle a fait face à une équipe anglaise déterminée pour les huitième de finale et a perdu en toute fin de course. Il n’y a désormais plus une lueur d’espoir pour la Tunisie.

Quant aux Super Eagles du Nigéria, ils n’ont pas su tenir tête à la Croatie (2-0), ils n’ont malheureusement pas été à la hauteur de leur niveau en qualification. Il leur reste un match à jouer contre avec l’Islande.

Au final, les yeux restent braqués sur l’équipe du Sénégal qui semble bien partie pour le deuxième tour de ce Mondial 2018. L’espoir de l’Afrique repose donc désormais sur les épaules des Lions.