#MondoChallenge : en Guinée, le vin de palme entre tradition et alcoolisme

Article : #MondoChallenge : en Guinée, le vin de palme entre tradition et alcoolisme
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23 avril 2019

#MondoChallenge : en Guinée, le vin de palme entre tradition et alcoolisme

Dans la société traditionnelle africaine, tout le monde ou presque l’a goûté, ne serait-ce qu’une seule fois. Les uns pour s’enivrer, d’autres pour la coutume : la Guinée ne déroge pas à cette tradition séculaire. Le vin de palme y a traversé le temps et l’espace, entre tradition et alcoolisme. 

Vin-de-palme
Le vin de palme à domicile

Sur les côtes maritimes guinéennes, depuis des lustres, une goutte de ce vin extrait de sève de palmier est une pépite de saveur. Beaucoup par chez moi vous diront que « Bangui » (en jargon populaire guinéen) a une myriade de vertus thérapeutiques. Sa consommation est même encouragée chez les enfants, le sucre naturel qu’il renferme étant supposé développer leur intelligence.

Bien que ses bienfaits ne soient pas prouvés scientifiquement, le vin de palme reste au cœur des habitudes.

Dans bien des cérémonies de réjouissance populaire, dans les centres-villes en Guinée tout comme en rase campagne, parmi les vins qui coulent à flot, le vin de palme ou vin blanc figure en bonne place. Ceci pour deux raisons.

Premièrement, en plus d’être local, naturel, il n’est pas coûteux comparativement aux autres vins produits par les industries de la place ou ceux importés. C’est une aubaine pour les  »pauvres » qui cherchent à fêter sans avoir à débourser une fortune considérable. D’autant que tout le monde est servi en bonne et due forme.

Deuxièmement, le vin de palme est une partie intégrante de la tradition Guinée. En pays Baga par exemple, un acte nuptial n’aura tout son sens que lorsque le vin de palme aura été tiré jusqu’à la lie. Une goutte versée au sol pour les ancêtres scelle le mariage pour toujours. De manière générale, cette conception traditionnelle de la boisson (de vigne ou de palme) est expliquée par le géographe français Alain Huetz :

« Pour de nombreux groupes ethniques d’Afrique Noire, la boisson est au centre de la convivialité et des relations sociales et devient parfois l’élément central des manifestations rituelles et des cérémonies religieuses. »  Cette pratique s’observe également en Guinée forestière où la tradition est de mise.

Un vin à différents visages

Par ailleurs, ce dérivé de la sève de l’Elaeis guineensis (nom scientifique du palmier à huile) ne va pas sans problèmes du fait de son caractère alcoolique. Les coins de vente se multiplient partout au bord de la mer, dans les quartiers de Conakry ; et les jeunes s’en désaltèrent au point de perdre la raison. Le vin de palme n’est plus bu à l’état naturel ; il faut l’associer à d’autres alcools pour le rendre efficace, dit-on.

L’usage abusif soutenu par sa commercialisation non réglementée est un danger qui prend forme en Guinée, 45e pays le plus consommateur d’alcool au niveau panafricain. Dans son rapport de 2017,  l’Organisation mondiale de la Santé a fait état de l’augmentation du taux d’alcoolisme en Afrique. Ce rapport indique que la consommation de l’alcool sur le continent est la plus importante au monde.

Il y a lieu de préciser qu’une quelconque consommation du vin blanc n’est pas reconnue par les préceptes islamiques. Raison pour laquelle une bonne partie de la population guinéenne, même désireuse, n’en consomme pas.

La destruction abusive de la flore du fait de la récolte de ce vin est aussi considérable que sa consommation. Des palmiers sont élagués puis finalement coupés sans le moindre reboisement. Encore et encore, le vin de palme est tiré jusqu’à la lie et la nature s’en plaint.

Comme on dit par là : « Et n’oubliez pas de boire avec modération ! »  Autrement dit,  »Un verre ça va, deux verres, bonjour les dégâts ».

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Commentaires

Anani Christ lord
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Merci mon frère pour cette réflexion. la lecture fut belle et nourrissante

BANGOURA
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Le vin blanc et une histoire qui restera toujours demeure il existe dans certaines coutumes africaines comme traditionnellement, mais la région musulmane ne permettent pas de consommer ;les jeunes prennent dans les cérémonies . C'est une histoire réelle franchement maître tu as fait un bon texte bonne continuation