Maroc, une journée à la découverte de Rabbat

Article : Maroc, une journée à la découverte de Rabbat
Crédit: Hippolyte Camara
15 mars 2021

Maroc, une journée à la découverte de Rabbat

Il fait douze degrés en ce matin du 13 mars. L’horloge affiche neuf heures pile. Malgré le soleil de printemps, l’air si glacial cajole mes joues. De Salé à Rabbat, au rythme du tram, ma promenade commence à la Tour Hassan, ensuite au Jardin Nouzhat et finalement à la Kasbah des Oudayas.

Salé est la ville jumelle de Rabbat, où se trouve Hay Karima, le terminus du tramway reliant ces jumelles à 18 km. Ce matin, j’entre dans le tram avec une destination en tête: la Tour Hassan. Dans cet engin, le visiteur admire les moindres recoins de la ville de Salé et de la capitale marocaine. Parmi tant d’autres passagers, je m’installe sur un siège, après avoir validé mon ticket et désinfecté mes mains. Un geste devenu la norme à cause de la crise sanitaire du Covid-19. Je finis par céder mon siège à une femme.  

Les arrêts s’enchainent à la pointe des stations. D’abord celle de Salé-Tabriquet puis de La poste, ensuite celle de L’opéra, de Diar, de la Gare de Salé… Quelques minutes s’égrainent. Le tram se trouve sur le pont Hassan qui traverse le mythique fleuve Bouregreg.  Au dessus de ce fleuve légendaire, Rabbat se dévoile avec ses bâtisses blanches qui couvrent tout l’espace. Le train stationne une minute sur le pont puis continue son trajet. Il dépasse le panneau de signalisation resté au rouge pour les véhicules.

Et nous voilà, à la station du 16 novembre. La Tour Hassan est visible à distance. Je descends du train et traverse la chaussée. En remontant la bretelle droite de la ruelle, j’entends le bruit occasionné par le départ de la petite locomotive. Elle fera, nul doute, un arrêt à la célèbre Place nommée Al Joulane, en face de la cathédrale Saint Pierre de Rabbat et ainsi de suite.

La Tour Hassan, un minaret historique

Je me retrouve enfin sur l’avenue Maryniyine. Cette allée débouche sur le jardin de l’énorme tas de pierres que je découvre pour la première fois de si près. Le silence s’impose en ce lieu. Quelques personnes errent sur les sentiers bien aménagés au milieu du gazon dont la verdure ajoute une touche de beauté à ce décor pittoresque. Un instant, j’arrête de marcher.

Je lève solennellement les yeux. Mon regard tombe sur la splendide Tour Hassan en face de moi. Si je m’efforce de faire la dictature contre tout bruit, cette tour et sa cour en terre battue, parlent aisément. Elles racontent comme un bouquin ouvert, le passé marocain. Des reliques d’histoires entretenues depuis le 12ème siècle. On raconte que cette superbe tour est en fait, le minaret d’une mosquée inachevée dont la construction s’est arrêtée suite au décès, en 1199, du Caliph Yacoub Al Mansour, à qui il était destiné. Juste à côté, se trouve le Mausolée du Roi Mohammed V.  Voilà pourquoi le silence y est maitre-mot.

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La Tour Hassan, vue de profil vers le fleuve Bouregreg.

Il est dix heures. Je ne cesse d’observer la tour dans ses moindres traits. Mon regard se perd dans les gothiques qui entourent ce cube d’une quarantaine de mètre, ce bijou du patrimoine culturel marocain. Je vois en un instant, à quel point la modernité côtoie tendrement la tradition. Comment le passé épouse le présent au cœur de la capitale marocaine. Le soleil continue sa randonnée journalière au-dessus de ma tête. Le plus étonnant reste l’air toujours glacial montrant au visiteur que la façade de l’océan atlantique n’est pas loin. Je me lève en fin de compte, sans être rassasié de ce silence bénéfique. Cette fois-ci, je visite le jardin national.          

Le Jardin Nouzhat Hassan au cœur de Rabbat

Le Jardin Nouzhat Hassan, à Rabbat

De nouveau dans le tram qui ne désemplit jamais de la journée.  À chaque fois que j’emprunte cette petite locomotive, un rêve envahi mon être: celui de voir un jour, ce même modèle de tram filer dans les rues de Conakry (capitale de la Guinée), au bonheur des milliers de citoyens guinéens. Ce moment de rêve est vite interrompu par le bruit du tram faisant un arrêt à Al Joulane. Je descends là, puis continue sur les rails de la ligne 2 du tram.

Après cinq minutes de marche, j’arrive au portail du Jardin national Nouzhat Hassan. Situé en plein cœur de Rabbat depuis 1924, cet espace vert rempli d’arbres centenaires, s’étend sur une superficie de huit hectares avec quatre portes. Sourire aux lèvres, j’entre dans le jardin pour profiter généreusement des dons naturels de la biodiversité.

Ici, tout est vert.  Ce qui attire le plus, c’est le climat de sécurité avec lequel, le visiteur s’abandonne à la nature sauvage, qui se mêle à une touche de modernité. Une modernité qui se mesure par l’alignement des arbres de multiples espèces, du gazon à perte de vue sous ces arbres et des gradins installés sur tout l’espace. Sans oublier les tribunes pour certainement des animations à l’occasion des célébrations.

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Vue depuis le centre du jardin national Nouzhat de Rabbat

Un jardin, un espace de bonheur

Une femme avance habillée dans la traditionnelle djellaba marocaine. Elle tient la main de sa petite-fille. La dame toute joyeuse, prend l’enfant et l’installe sur une balançoire aménagée à cet effet. Les deux profitent du soleil dont la chaleur est presque mourante dans ce jardin humide.

L’espace est plein en ce samedi. Il faut dire que toutes ces personnes viennent goûter au bonheur, chacune à sa manière. D’autres préfèrent rester solitaires, sur les gradins au fond du jardin. Je finis par me décider. Il faut que je sorte de là pour éviter d’y passer toute la journée.

Je traverse enfin le jardin sur le petit sentier jonché de pierre. À ma droite, se trouve une petite piscine ceinturée d’une double clôture de grillage. Des oies sarcelles y nagent volontiers. Le sentier me conduit finalement à la porte nord-ouest du parc qui débouche sur la médina de Rabbat. Ce souk moderne où grouillent déjà mille bruits.

La Kasbah des Oudayas, un lieu d’histoire  

Il est 14 heures 30. Je plonge dans ce marché multicolore de la grande médina de Rabbat. En l’espace d’une minute, je me familiarise avec ce vacarme sur l’allée principale. De ce lieu de commerce, s’élèvent mille bruits à la fois me rappelant le marché Madina en Guinée. Je me dirige vers la ruelle à ma droite. En deux minutes de marche, la Kasbah des Oudayas avec ses énormes remparts.

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La façade de la Kasbah des Oudayas

À l’intérieur de cet ancien camp militaire bâti au 12ème siècle, quelques personnes prennent des photos. Je reste contemplatif des fresques sur les murs. Si je suis frappé par la petitesse des sentiers, véritables labyrinthes, je suis aussi sans mots par l’immensité des lieux. On raconte que c’est ici se trouve l’un des premiers palais construit par la dynastie royale des Alaouites.

Oui, l’histoire défile sous mes pieds à l’instant même. J’imagine ces centaines de milliers de soldats marocains avec leurs canons à la main afin d’assurer la sécurité de ces remparts. Ces images se bousculent dans ma tête. J’essaye, en suivant le trajet, de me représenter ces scènes historiques.  Finalement, je me retrouve sur un espace dégagé, comportant deux gradins installés pour les visiteurs. Le vent assez glacial et l’étendue d’eau en face de moi laisse entrevoir la façade de l’océan Atlantique.

Le soleil baisse, le phare de Rabbat s’impose

Du haut de ce bastion trapézoïdal, le visiteur est forcément contemplatif de la mer. Il reste surtout absorbé par l’étendue de sable du rivage sur lequel un groupe de personnes se livre à plusieurs activités diverses : à la pêche, au ski, au football etc. À ma gauche, je peux contempler en arrière-plan le phare de Rabbat. Tout cet ensemble forme l’estuaire de Rabbat. Je jette un coup d’œil sur l’horloge de mon téléphone. Il est 17 heures. Soudain un couple m’apostrophe pour une photo de famille. Un geste que j’accomplis à la satisfaction des deux tourtereaux. Je file tout droit vers le portail.

À ma sortie, j’emprunte un taxi pour la station du pont Hassan. Là, je prendrai le prochain tram qui me conduira à Salé, la belle jumelle de Rabbat. Dans la voiture, un autre rêve s’éveille : je veux visiter le mont Djebel Toubkal situé dans la ville d’Imlil, cette autre merveille touristique du Royaume chérifien.

Finalement, je sors de mon extase par le klaxon tympanisant d’une moto qui disparait au milieu de cette longue file de voitures. M’adossant au siège du taxi, je ressens de la fatigue. Mais je suis fier de cette journée multicolore à la conquête de cette ville. Le taxi s’arrête et j’y descends après 20 minutes de course. Je traverse la chaussée pour attendre le tram avec à l’esprit, le film de ma promenade au cœur de la capitale marocaine. Il tourne toujours en boucle dans ma tête… .

*Souk: un lieu de transitions commerciales dans le monde arabe

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Commentaires

Ouamouno Raphael
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C'est fort grosse force a toi .
Tes écrits me donne plus de courage a ne jamais baissé les bras .

Cherif IBRAHIM Kalil
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Te lire est un plaisir
Le plaisir ne s'émousse guère ! Je viens de voyager de Rabat à Salé sans bouger de mon fauteuil