En Guinée, les femmes à la croisée des chemins

Article : En Guinée, les femmes à la croisée des chemins
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3 mars 2021

En Guinée, les femmes à la croisée des chemins

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Les femmes lors d’un meeting à Conakry

Les femmes mettent les bouchées doubles pour revendiquer leurs droits. Elles fustigent les violences conjugales dont elles sont victimes au quotidien en Guinée. Des villages jusque dans la capitale Conakry, ces travailleuses silencieuses sont sur tous les fronts pour une société guinéenne plus équitable et paisible.    

En plus d’être consacrées par les textes de loi, les femmes sont au centre de la vie sociale, économique, culturelle et même politique en Guinée. Inutile de rappeler ici tous les sacrifices consentis par les femmes guinéennes dans l’acquisition de l’indépendance du pays en 1958.

Un rôle historique mais combien de fois visible, aujourd’hui, au sein des foyers en zones rurales. Entre les tâches ménagères, l’extraction du sel ou de l’huile en passant par le jardinage, sans oublier les travaux champêtres, les femmes se cherchent, surtout en ces temps où le pays est en guerre contre une pandémie et une épidémie : le Covid-19 et Ebola.

Si les femmes rurales en Guinée tirent le diable par la queue pour leurs familles respectives, celles de la capitale, notamment la minorité intellectuelle, sont bon gré mal gré au front pour la course aux instances de décision. Ainsi, ces femmes entendent engager une lutte sans merci afin de gagner une place de choix dans une société guinéenne qui tente inexorablement de sortir du patriarcat. 

Un combat au féminin

Dans la neuvième législature, la présence des femmes est plus ou moins constatée. Ces dames réunies dans le forum des femmes parlementaires sont au nombre de 19, sur 114 députés que composent le parlement guinéen.   

Cependant, l’exemple implacable reste le récent remaniement ministériel (10 femmes sur 36 ministères) où le président de la République, Pr Alpha Condé, a nommé plus de femmes que dans les précédents gouvernements. Sans occulter un nombre parmi elles qui dénonce les violences conjugales que subissent ces travailleuses silencieuses. Elles se battent quotidiennement au sein de la société civile guinéenne pour le droit de ces dames en durcissant le ton sur les réseaux sociaux. Des pires exactions que traversent ces femmes au foyer y sont dénoncées. Moussa Yéro Bah est une journaliste et une activiste engagée qui des fois, reste dans la peau de ces dames en souffrance :

« Je suis la bonne. Et puisque je suis la bonne, je suis bonne à tout faire. Bonne pour la cuisine. La lessive pour le patron. La patronne et les enfants… Quelquefois tard dans la nuit, alors que dort la patronne, le patron se faufile dans le magasin qui me sert de chambre à coucher. Si bonne que mes cris s’étouffent sous la force et le poids de sa main sur ma bouche. Si bonne qu’il (le patron) menace de me virer si jamais j’ose ne serait-ce que gémir », fustige dame Yéro sur sa page Facebook.

Une relève assurée       

Beaucoup de jeunes femmes mettent leur effort en commun pour valoriser les femmes à travers des activités de nettoyage de la ville ou encore tant d’autres initiatives citoyennes, notamment la semaine entrepreneuriale des femmes, prévue pour les 22, 23, 26, 27, 28 mars 2021 à Kipé et au jardin du 2 octobre, qui permettra à plusieurs amazones de mettre à profit leurs compétences via des tables rondes, des expositions, des panels, des conférences, prévus pour cette rencontre au féminin, première du genre en Guinée.

En plus de ces activités féminines de la société civile guinéenne, le club des jeunes filles leaders de Guinée tient le flambeau pour la défense des droits des filles et des femmes depuis belle lurette. Implantée dans les quatre régions du pays, cette association lutte contre les mutilations génitales féminines, les mariages précoces, les viols dans les foyers et la non scolarisation de la jeune fille. C’est dire que celles destinées à devenir les femmes de demain en Guinée ont pris déjà conscience de cette lourde tâche qui est la sienne.  

Le 8 mars 2021, pas de fête !

Depuis 1917, la journée internationale des droits des femmes, symbolisée par le violet de la justice et de la dignité, le vert de l’espoir et le blanc de la pureté, a été officialisée. Elle permet ainsi à des milliers de femmes de revendiquer une société bâtie sur l’égalité et la tolérance.

En Guinée, si les femmes ont l’habitude de prendre d’assaut la salle des fêtes du Palais du peuple pour célébrer le 8 mars, cette année, avec l’urgence sanitaire dans laquelle est plongé notre pays ouest-africain, les festivités n’ont aucune chance de voir le jour.

Le gouvernement guinéen a d’ailleurs interdit plusieurs concerts à cet effet et d’autres regroupements de masse sur toute l’étendue du territoire national jusqu’à nouvel ordre. Mais dans la foulée, beaucoup de langues soutiennent que les femmes mériteraient d’être célébrées durant les 365 jours de l’année, pas que la journée du 08 mars.

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Commentaires

Soumah Aboubacar
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Vraiment combler par ce texte qui est cette réalité journalière et à cette noble honneur faite au femmes, une fois encore nous sommes émerveillé bravo et bon courage à mon auteur préféré.

Camara
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Super,genial frangin,bonne fête aux femmes de ma guinée Conakry