Le football, la passion d’une enfance à Dubréka
Le foot reste la passion de mon enfance à Dubréka, une ville située à 50 Km de la capitale. Je ne jurais que par lui. Quand je fermais mes yeux d’enfant, il était là si présent que rien ne pouvait m’en séparer. Et ce n’est qu’un euphémisme. Le cuir rond avait conquis mon petit cœur dans cette cité des arts.
Tel au Brésil, le foot est un sport bien vivant dans le cœur de nos villes en Guinée. On n’apprend pas à un jeune guinéen comment jouer, il naît avec cette discipline sportive gravée dans l’âme. La pratique du sport notamment le volleyball, le basketball et surtout le football se fait presque dans tous les coins de rue.
Moi, j’avais essayé un peu de tout. Mais finalement, j’ai fini par trouver ma voie dans le foot. Ils bruissaient en moi les sons de la passion. Je puis dire qu’il existait une sorte d’alchimie entre cette discipline sportive et ce petit garçon souvent pieds nus que j’étais. Je pouvais jouer sur tous les terrains mais celui dénommé ‘’BIT’’ à cause de sa proximité avec le siège du Bureau International à l’époque, était mon préféré. Il y avait cet effet, une sorte d’alchimie existait entre cette portion de terre et mon être. C’était notre terre battue, où les souvenirs se créaient et l’avenir de plus d’un se scellait à travers la découverte de leurs talents.
Toutes les générations tournaient autour de ce stade recouvert de latérite. Les unes pour jouer et les autres pour partager la joie de matchs qui s’y opéraient. Nos vies de gosses et celles de nos aînés y gravitaient tout autour. Je pouvais me priver de nourritures, juste pour aller vivre ma passion autour du cuir rond avec mes amis en jouant toute la journée sur ce terrain qui reste un référentiel dans mon parcours.
Une ville bien vivante
La belle époque à Dubréka. Remontons le temps et l’espace pour atterrir sur les sentiers des années 2000. Ces années où coulaient le lait et le miel dans cette contrée historique fondée au XVIl ème siècle par le brave Soumba Toumany. Je ne taris point d’éloges pour cette ancienne capitale de la province de Tabounssou.
Cette Cité à qui le Ciel a gracieusement tout donné.
L’an 2000 marque un tournant décisif dans la vie de beaucoup de jeunes à Dubréka. Il était venu avec un d’espoir qui ne laissait personne indifférent. Nous étions si jeunes pour réaliser ce qui était bon ou pas à cette époque. Pendant les vacances, c’était la fiesta. Les lieux de loisir comme le fromager, le cocotier…étaient toujours bondés.
Dubréka, cette ville que je porte dans mon petit cœur, était un coin de vacances pour tous les jeunes venant de tous les horizons du pays. D’abord, l’Océan Atlantique longe affectueusement ses côtes, cette grande dame bleue aux épopées légendaires depuis la nuit des temps. La dame bleue est une mère qui nous berce tout le temps par le doux bruit de ses inspirantes vagues.
Ensuite, le mont Kakoulima qui ceinture la ville avec sa chaine comme pour la protéger par sa forêt chargée d’histoire. Je n’oublie pas l’une des plus grandes écoles des arts en Afrique, l‘Institut Supérieur des Arts Mory Kanté (ISAMK/D) qui, fièrement au bord de la mer, forme des professionnels et hommes de métiers depuis 2005.
Le temps des compétitions de foot
Pendant les grandes vacances, le rythme était infernal. Les compétitions de foot au petit guichet encore appelé Maracana, tout âge confondu, s’enchaînaient tellement que nous nous imaginions être des joueurs professionnels qui signeraient des contrats pour empocher des chèques en fin de saison.
Il faut dire que ces moments étaient souvent ceux des entraineurs locaux qui se remplissaient pleins les poches avec les mises de ces tournois footballistiques. Pour moi, l’argent m’importait peu. Je ne voulais que jouer avec mes crampons rafistolés de travers avec le feu de la cuisine familiale. Je ne vivais que pour ce sport.
Pour beaucoup, le sport surtout le foot pansait leurs plaies les plus profondes. Ces tournois aidaient à se retrouver, le temps d’un rêve d’enfant qui prend forme. Personnellement, ces compétitions étaient une occasion pour prouver ce que je valais et à vivre cette passion aux yeux d’un grand public.
Nous faisions le tour des quartiers et des villages. La saison prenait fin à la mi-septembre pour préparer la rentrée des classes. Tel était notre quotidien avec le foot. Ces périodes de mon enfance me manquent tous les jours. Elles me rappellent que j’ai grandi.
Les crampons suspendus ou la fin d’une aventure
Le foot et moi, étions comme la braise qui allume un feu. Tant sa flamme attisait ma passion. Mais finalement, les études l’avaient effacée, balayée telle une belle écriture s’effrite sur du sable fin.
En classe de terminale c’était la fin de la course, je devais suspendre mes crampons involontairement. Une aventure s’estompait et une autre débutait par la magie du temps avec la grande classe.
Je devais décrocher mon baccalauréat à Kindia vaille que vaille. Entre football et études, il fallait donc choisir. Il est vrai que j’ai préféré la seconde mais dans mon cœur, il y a encore, quelque part ce béguin insoupçonné voire dissimulé du foot.
Pour l’avoir vécu et respirer à plein poumon, je puis affirmer que la véritable définition de la passion reste et demeure le football. J’ai compris finalement qu’on ne finit jamais vraiment l’aventure avec le foot. Il est tellement présent qu’on ne peut le fuir ; c’est le foot qui guide ma vie au rythme de la passion.
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